Logo DicoPolHiS
DicoPolHiS

Dictionnaire Politique d'Histoire de la Santé

Rucart Marc

Marc Rucart, un ministre de la santé sous le Front populaire. Marc Rucart en 1933. Agence de presse Mondial Photo-Presse — BnF

Marc Rucart, un ministre de la santé sous le Front populaire. 

 

   Le Front populaire a élevé un homme, Marc Rucart, dont la carrière est atypique. Ce dernier a commencé sa carrière professionnelle à 17 ans en tant que journaliste. Homme de principes, il devient très rapidement membre du Parti radical, parti de gauche réunissant différents groupes politiques. En effet, depuis sa création en 1901, celui-ci est composé de militants des droits de l'Homme, de la Ligue française de l'enseignement et de la Franc-maçonnerie, qui entretient de forts liens avec le Parti radical avant la Première Guerre mondiale. Parti radical et Franc-maçonnerie veulent une politique sociale pour améliorer la vie des Français. Marc Rucart partage ces convictions, adhérent de la Franc-maçonnerie, il obtient le trente-troisième et plus haut grade dans la hiérarchie de cette dernière.

 

    En 1928, afin de concrétiser ses ambitions, il participe aux élections législatives dans les Vosges et entame une carrière politique. Membre du Parti radical socialiste en 1932 et 1936, sa carrière prend progressivement forme, lui permettant de devenir ministre de la Justice dans le premier cabinet de Léon Blum, dès avril 1936. Les différentes influences politiques se ressentent dans les choix de Marc Rucart. Une de ses ambitions est de rendre les conditions carcérales pour mineurs moins rudes, notamment après le décès d'un jeune détenu. Ce projet, Rucart ne peut le mener à terme puisqu'il est désigné ministre de la Santé publique en juin 1937, au sein du troisième cabinet Chautemps. Mais son passage en tant que ministre de la Justice influence certaines de ses décisions futures au poste de ministre de la Santé publique. Par la suite, à partir de mars 1938 et pendant 1 mois, il reprend son poste de ministre de la Justice dans le deuxième cabinet de Léon Blum. En avril 1938, sous le troisième cabinet de Daladier, Marc Rucart est à nouveau nommé ministre de la Santé publique, fonction qu'il assure jusqu'au 21 mars 1940. 

 

    Marc Rucart est à la tête d'un ministère récent, le secteur de la santé acquiert en effet le statut de ministère en 1920 sous le titre de « Ministère de l'Hygiène publique, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale ». Le 4 avril 1930, celui-ci change de nom et devient « Ministère de la Santé publique ». Dans le cadre de son premier mandat en tant que ministre de la Santé publique, Marc Rucart modifie les conditions d’accueil psychiatrique des enfants par le biais de la circulaire du 13 octobre 1937. Cette dernière réorganise l'assistance psychiatrique en développant la psychiatrie « hors les murs », au sein de laquelle il encourage la prise en charge des malades mentaux dans  les annexes des centres hospitaliers et dans les services libres. Durant ce même mandat, il promulgue une loi encore d'actualité sur la reconnaissance des infirmières et des assistantes sociales par un diplôme d’État, obligatoire dès février 1938. Le but de cette loi est de normaliser les connaissances médicales à l'échelle nationale. 

 

    Dans l’exercice de son dernier mandat qui commence en avril 1938, Marc Rucart propose une véritable politique médico-sociale. À propos de la santé, il signe une nouvelle circulaire le 7 décembre 1938 permettant aux malades d'entrer directement à l’asile, plutôt que de passer par des « dépôts provisoires » de type hôpital ou hospice. Afin d’améliorer le système de santé français, Marc Rucart crée l'Inspection générale de la Santé publique. En 1939, il crée le carnet de santé émis par le ministère de la Santé publique. En matière de politique sociale de la Santé, Marc Rucart participe à la création du « code de la famille » en juillet 1939. Cela a pour but de contribuer à former une politique familiale en France. Sa sensibilité pour la jeunesse se fait aussi remarquer lors de son passage au ministère de la Justice, durant lequel il octroie des bourses aux enfants qui se lancent dans la carrière d'assistante sociale. Dans un même temps, il permet aux femmes d’accéder aux fonctions d'inspectrice de l'assistance publique et n'oublie pas les pupilles de la Nation française qui sont également autorisés à postuler pour devenir inspecteur. 

 

   Marc Rucart a donc été un politicien influent pendant la période du Front populaire. Il rayonne également après ses fonctions, puisque le 10 juillet 1940, il refuse d'accorder les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, ce qui marque son entrée dans la Résistance. Il est arrêté en janvier 1941 pour acte de résistance, mais faute de preuves il est libéré. Rucart s'est réfugié en zone libre afin de créer un réseau de Résistance à Toulouse. En 1943, il se rend à Paris pour aider à la création du Conseil national de la résistance. Après la guerre, de 1946 à 1958, il devient sénateur de la Côte-d'Ivoire et décède en 1964.

 

Prolonger la lecture sur le dictionnaire : Perchot Justin- Secteur

Siegfried Ozan - Le Mans Université

Références :

Samuel Boussion, “ Le premier congrès international de Psychiatrie infantile (Paris, 1937), ou le

baptême d’une spécialité ambitieuse”, Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016, 57-

80.

Isabelle Von Bueltzingsloewen, “Réalité et perspectives de la médicalisation de la folie dans la

France de l'entre-deux-guerres”, Genèses, 2011, vol. 82, no°1, p. 52-74.

Pour citer cet article : Siegfried Ozan, "Rucart", dans Hervé Guillemain (dir.), DicoPolHiS, Le Mans Université, 2021.

Partagez :