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Dictionnaire Politique d'Histoire de la Santé

Croix rouge

De 1864 à 1940, trois sociétés affiliées à la Croix-Rouge Internationale soutiennent l’armée puis les civils.Dispensaire-école de UFF (CPA oblitérée en 1913) (coll. GB)De 1864 à 1940, trois sociétés affiliées à la Croix-Rouge Internationale soutiennent l’armée puis les civils.

 

Partant du principe que les blessés sur un champ de bataille doivent être pris en charge et soignés, la Croix-Rouge fut créée en 1863 à Genève sous l’impulsion d’Henry Dunant. C’est ce comité international qui sert d’interface entre les pays belligérants. L’objectif est alors de « diminuer les calamités de la guerre, de chercher à adoucir les misères de nos soldats malades ou blessés. » C’est dans ce cadre que les trois comités de la Croix-Rouge française furent créés.

 

Dans ce mouvement international, la France se dote tout d’abord en 1864 de la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM), une structure travaillant en collaboration avec l’État et chargée d’instruire des personnels, particulièrement des femmes, pouvant se déployer et venir en appui des Services de Santé militaire. Cette structure fut également la seule à pouvoir être chargée des infirmeries de gare.

 

Deux autres comités, fonctionnant sur le même principe, se sont créés à la suite de SSBM : L’Association des Dames Françaises (ADF), en 1879, et l’Union des Femmes de France (UFF), en 1881, ayant toutes deux la même mission.

 

Prenant un essor très important durant la fin du XIXe siècle, l’objectif des trois sociétés est l’aide au soldat. En 1894, toutes les trois sont en capacité de déployer 50 hôpitaux temporaires, et la SSBM 68 infirmeries de gare. À partir de la convention de La Haye du 29 juillet 1899, un nouveau volet apparaît concernant l’aide aux prisonniers de guerre. Cette mission est confirmée lors de la révision de la Convention de Genève de 1906. 

 

Dès 1904, avec les inondations de Mamers, leur champ d’intervention s’étend au secours aux civils lors des catastrophes. En effet, bénéficiant d’un matériel et d’une formation médicale importante, les sociétés (en général une seule, celle représentée localement) prennent la capacité de se déployer pour apporter une aide médicale d’urgence. 

 

En 1907, le Comité Central de la Croix-Rouge, chargé de coordonner les actions des trois sociétés, est créé. Fin décembre 1908 et jusqu’en février 1909, des délégations des trois sociétés de la Croix-Rouge Française se déploient dans le sud de l’Italie, où un séisme de forte magnitude suivi d’un tsunami ont fait des ravages humains et matériels très importants. C’est la première fois que le Comité Central de la Croix Rouge Française intervient dans le but de venir en aide à une population civile sinistrée, et ce, qui plus est, sur un sol étranger.  

 

Dans le prolongement de cette action, en juin-juillet 1909, forte de son expérience en Italie Méridionale, l’ADF de Marseille intervient lors d’un séisme plus localisé dans la région de Lambesc (Bouches-du-Rhône), puis les trois sociétés se mobilisent encore à Paris en 1910, lors des inondations provoquées par la crue de la Seine. 

 

Les catastrophes de Mamers, de l’Italie Méridionale, du Sud de la France et de Paris marquent le début de l’élargissement des missions des sociétés vers l’aide aux populations civiles, et ce même sur un sol étranger. 

 

Au début et pendant la Grande Guerre, les Sociétés de la Croix Rouge retrouvent leur mission première et se déploient dans l’ensemble du pays selon le dispositif prévu et en collaboration avec l’armée. Les infirmières rejoignent immédiatement leurs affectations et se préparent à accueillir les blessés dans les différents hôpitaux temporaires, travaillant parfois avec des médecins n’ayant pas les mêmes pratiques et formations qu’elles, ce qui posa des difficultés dans les premiers jours du conflit. Dans un second temps, la guerre se prolongeant, les infirmières des sociétés, d’auxiliaires temporaires, deviennent des éléments essentiels et gagnent un uniforme et un statut.

 

Après la Grande Guerre, les sociétés, et surtout les infirmières, deviennent des icônes, et continuent à accomplir leurs missions de façon indépendante mais coordonnée par le Comité Central. Néanmoins, l’idée que la Première Guerre mondiale puisse être la dernière les empêche d’évoluer dans l’optique d’une préparation à un conflit futur.  

 

Finalement, le décret du 7 août 1940, entériné par le Maréchal Pétain, fusionne définitivement les trois sociétés pour créer l’entité Croix-Rouge Française que nous connaissons encore de nos jours, et tout en la reconnaissant d’utilité publique. 

 

Prolonger la lecture sur le dictionnaire : urgence 

Guillaume Beckert - Le Mans Université - TEMOS CNRS 9016

Références :

Guillaume Beckert, La Solidarité en temps de guerre 1914-1918, Le Mans Université, Le Mans, thèse de doctorat soutenue le 12 novembre 2020.

Ferdinand Lapasset, Du rôle des sociétés d’assistance aux blessés militaires en temps de paix et en temps de guerre, et de leurs rapports avec le service de santé militaire, conférence faite, le 11 mars 1894, Lyon, Association typographique, 1894.

Pour citer cet article : Guillaume Beckert, "Croix rouge", dans Hervé Guillemain (dir.), DicoPolHiS, Le Mans Université, 2020.

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