Recueil iconographique. Hôtel-Dieu, extérieur, BHVP.
On pourrait dire à son sujet que le bâtiment est indissociable du paysage parisien. Bâti au milieu du VIIe siècle, il est dès cette époque installé sur l’île de la Cité, en plein cœur de Paris. L’Hôtel-Dieu est un hôpital général, sans spécialisation particulière. Un fait intéressant est qu’il possède un service de maternité, appelé Office des accouchées et ce relativement tôt, puisque que celui-ci est mentionné dès 1348. Cependant, les sources nous révèlent qu’il s’agit d’un lieu où la mortalité est extrêmement élevée, avec un taux de mortalité des mères de 6,7 % quand elles accouchent dans l’hôpital, contre 1 % quand elles accouchent chez elles. Il ne reste aujourd’hui plus rien du bâtiment de l’époque médiévale et de ces modifications de l’époque moderne.
En effet, l’Hôtel-Dieu a connu plusieurs étapes de destruction au cours de l’époque contemporaine. Sa chapelle est détruite en 1802 afin de dégager le parvis de la cathédrale Notre-Dame. Cette démarche de destruction se poursuit dans le cadre du projet d’embellissement de Paris voulu par l’empereur Napoléon III et réalisé par le baron Haussmann. Ce projet à pour but d’embellir la ville, mais aussi de refléter la prospérité économique de la France. Dans le cadre de ce projet, on souhaite détruire le vieil hôpital médiéval. La construction d’un nouvel hôpital pour le remplacer est alors avancée. Mais ce projet va susciter un débat entre le conseil municipal de Paris et les médecins parisiens qui, pour la plupart, sont ce que l’on pourrait appeler des hygiénistes. Ils prônent, pour des raisons de santé publique, que le nouvel hôpital soit bâti hors de la ville, tandis que les conseillers veulent que l’hôpital soit rebâti au cœur de la capitale. Pour s’opposer aux médecins, ils suggèrent que l’aménagement intérieur de l’hôpital est plus important que sa localisation. Certains médecins, comme Léon Le Fort, critiquent aussi le coût de ce nouvel hôpital dont ils estiment qu’il est aussi élevé que le prix de quatre hôpitaux de quatre cents lits qui seraient bâtis hors de la ville. Face à ce débat entre édiles et médecins, l’Empereur décide de réduire le bâtiment d’un étage, faisant ainsi passer l’hôpital de huit cents à six cents lits.
Le nouvel hôpital est un complexe de forme rectangulaire composé de bâtiments de 3 à 5 étages, sur la rive nord de l’île de la Cité. Il est bâti en pierres blanches (pierre de Saint-Maximin), une caractéristique des monuments parisiens du XIXe siècle. Sa toiture se compose d’une couverture métallique. On trouve au centre du complexe un espace à ciel ouvert, dont les côtés sont longés par une promenade couverte au premier étage. Les fenêtres sont entourées par des arches romanes. Depuis le parvis de la cathédrale, le bâtiment présentent une symétrie dans sa structure. Sa construction permet la destruction du quartier des Ursins, un quartier mal famé, constitué de ruelles étroites et de bâtisses délabrées et perçu par le pouvoir impérial comme un danger potentiel pour son autorité. La construction débute en 1866, elle est arrêtée pendant la guerre entre la France et la Prusse. Après la fin de l’Empire, la IIIe République est proclamée, et certains médecins, tels que Ulysse Trélat ou Henri Liouville, deviennent députés du nouveau gouvernement. Grâce à leur position de députés, mais aussi, pour certains d’entre-eux, à leur place au sein du conseil municipal, ces médecins parviennent à nouveau à faire réduire le nombre de lits de l’hôpital. La reconstruction de l’Hôtel-Dieu fut en son temps un sujet de discorde entre politiciens et médecins. L’hôpital est encore aujourd’hui au centre d’un débat politique, entre la Ville de Paris et des experts de la protection patrimoniale (cf : article de Le Parisien).
Références :
Françoise Salaün, « Approche historique du thème des restructurations hospitalières à travers trois exemples parisiens au XIXe siècle », Revue française des affaires sociales, 2003/3, p. 9-26.
Michel Fleury et Jeanne Pronteau, « Histoire de Paris », Annuaire de l’École pratique des hautes études, 1974, p. 525-566.
Pour citer cet article : Gabin Dubuisson, "Hôtel-Dieu de Paris", dans Hervé Guillemain (dir.), DicoPolHiS, Le Mans Université, 2020.