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Dictionnaire Politique d'Histoire de la Santé

Plombières-les-Bains

Plombières-les-Bains conjugue une histoire politique et de la santé riches, dont les traces sont aujourd’hui encore présentes dans l’architecture de la ville. Le Bain royal de Plombières construit dans les années 1810 après la nationalisation du site par Napoléon Ier, Source Gallica.

Plombières-les-Bains conjugue une histoire politique et de la santé riches, dont les traces sont aujourd’hui encore présentes dans l’architecture de la ville. 

Plombières, renommée Plombières-les-Bains depuis 1891, est une commune située dans le département des Vosges. Lieu de décisions politiques majeures du XIXe siècle, elle fut d’abord connue pour ses thermes. En effet, elle bénéficie de 27 sources chaudes, entre 57 et 84°C, faiblement minéralisées mais riches en oligo-éléments. Les soins thermaux qui y sont prodigués permettent de lutter contre les affections digestives et les rhumatismes. Plombières devient ainsi une station thermale très à la mode aux XVIIIe et XIXe siècles, où de nombreux personnages célèbres viennent en cure. 

Si des bains sont installés sur la commune dès la période gallo-romaine, l’essentiel du développement de la commune se fait sous le Second Empire. Ainsi, la « ville aux mille balcons » bénéficie d’une homogénéité architecturale dès cette période. Napoléon III participa grandement au développement architectural de Plombières. 

De nombreux bâtiments thermaux sont présents sur la commune, aujourd’hui tous inscrits aux Monuments Historiques. On peut notamment distinguer le Bain des Capucins, ancien Bain des Goutteux, réservé au traitement des maladies de peau des pauvres ; le Bain Romain, existant depuis l’Antiquité, qui a conservé ses gradins gallo-romains et une statue drapée du Consul romain ; ou encore le Bain Stanislas, fréquenté par les duchesses de Lorraine. 

D’autres bâtiments sont liés à cette activité thermale dans la ville : l’Hôtel du Parc, le Parc Impérial, ou bien encore la gare construite en 1878 pour recevoir le Train des Eaux, reliant directement Paris et plusieurs communes thermales. En outre, les anciennes écuries de Napoléon III, construites en 1858, furent données à la commune trois ans plus tard, et transformées en hôpital.

Enfin, le patrimoine religieux s’est également développé sous Napoléon III, avec la construction de la Chapelle Saint-Joseph et de l’Église Saint-Amé-et-Saint-Blaise, de style néo-gothique flamboyant. Ce patrimoine est aujourd’hui mis en valeur par l’Office de Tourisme, permettant la transmission de la mémoire de cette ville à travers plusieurs labels, notamment le « Pays d’Art et d’Histoire ». 

La commune fut le lieu de décisions politiques historiques. Le 21 juillet 1858 se tient l’entrevue de Plombières. Napoléon III, Empereur des français depuis décembre 1852, y prône l’autonomie du peuple italien alors séparé entre l’Autriche, le Piémont et les États pontificaux. Les mouvements nationalistes avaient commencé en 1846, permettant à l’Italie de gagner progressivement en autonomie. Camille Benso, Comte de Cavour, successivement Ministre et Président du Conseil du Royaume de Piémont, est l’un des personnages majeurs de cette recherche d’autonomie du peuple italien.

Ainsi, Napoléon III et le Comte de Salour (Secrétaire Général des Affaires Étrangères du Piémont), se rencontrent une première fois à Plombières le 21 juillet 1857. L’italien reçoit le soutien de Napoléon III dans la recherche d’unité de l’Italie. Cependant en France les forces conservatrices et catholiques s’y opposent, tout comme d’autres puissances européennes telles que la Prusse. Napoléon III rencontre alors un an plus tard en secret le Comte de Cavour à Plombières, le 21 juillet 1858, pour une entrevue diplomatique dans le Pavillon des Princes où il réside. Plombières est choisie pour la discrétion qu’elle offre mais aussi car l’empereur y séjourne régulièrement durant plusieurs semaines. Un accord secret est conclu par lequel la France, en échange de son assistance militaire en cas de conflit entre le Royaume de Sardaigne et l’Empire d’Autriche, obtiendrait le Comté de Nice et le Duché de Savoie. Le traité officiel, intitulé « Traité de Plombières » est signé à Turin le 26 janvier 1859.

La Campagne d’Italie est déclenchée, grâce à un stratagème conjoint entre Napoléon III et le Comte de Cavour, par les Autrichiens en avril 1859. Le 11 juillet 1859, l’armistice est signé à Villafranca entre Français et Autrichiens, et une confédération italienne est créée. Par la suite, en 1860, des referendums sont organisés dans le Duché de Savoie et le Comté de Nice. Les votes, très majoritairement favorables (plus de 99%), permettent au Comté de Nice et au Duché de Savoie d’être rattachés à l’Empire français la même année.

Outre cette entrevue historique, Napoléon III signe à Plombières un décret officialisant la création du Corps des tirailleurs sénégalais, composé de combattants d’outre-mer venus défendre la patrie le 21 juillet 1857.

Chloé Andagnotto - Le Mans Université

Références :

Rolland Conilleau, L’entrevue de Plombières, Nancy : Presses universitaires de Nancy, 1991.

Jean-Claude Yon, Le Second Empire : politique, société, culture, Paris, Armand Colin, 2004. 

Pour citer cet article : Chloé Andagnotto, "Plombières-les-Bains", dans Hervé Guillemain (dir.), DicoPolHiS, Le Mans Université, 2020.

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