SCS (Santa Claus Syndrom)

Le Père Noël dans les campagnes suisses, BnF, 1923.      Depuis 2008 un nouveau syndrome émerge dans la psychiatrie occidentale liée aux pratiques consuméristes propres au moment de célébration de Noël. DicoPolHiS fait un retour sur cette nouvelle pathologie du 25 décembre.

   Décembre 2008. Est-ce lié à la crise des subprimes ? Un nombre inédit de consultations psychiatriques et d’hospitalisations semblent liées au contexte d’excitation si classique de ce mois dédié, dans un grand nombre de familles, aux préparatifs des fêtes de fin d’années. Le phénomène est repéré en Grande Bretagne, en France, en Espagne, en Allemagne, aux États-Unis et dans une moindre mesure en Italie. 

   En France, le 18 décembre de cette même année, plusieurs malades se présentent aux urgences en état de bouffée délirante. Certains sentent des boules pousser sur leurs corps, d’autres imaginent des rennes sur leurs balcons, plusieurs ont des illusions d’odeurs : « Ça sent le sapin ». En Espagne, le phénomène prend des proportions inquiétantes, mêlant nouvelles mariophanies et hallucinations collectives. En Allemagne, les lignes téléphoniques d’aide à la santé mentale explosent sous les appels dénonçant l’invasion de lutins inquiétants. Les services psychiatriques sont débordés. 

   Pourquoi en 2008 le moment de Noël est-il devenu pathogène ? Nous savons que les grandes crises sociales – les guerres, les révolutions, les effondrements économiques – peuvent susciter des angoisses spécifiques. Mais pourquoi Noël, ce moment si consensuel de joie, serait-il si pathogène en 2008 ? Face à cet afflux inédit dans les services psychiatriques, de nombreuses hypothèses ont été émises dans la presse et les milieux médicaux.

   Pour le docteur Marie Carmen Mainguill, la crise des subprimes a entraîné une véritable angoisse de préservation des foyers, lieu d’accueil du Père Noël. Pour le docteur Terence Mersenne, le phénomène est une conséquence d’une offensive évangélique pour décrédibiliser l'un des mythes de la société chrétienne occidentale. Pour le docteur Mallaury Grandberthe, aucune de ces hypothèses n’étant valable, il faut plutôt privilégier la thèse plus anthropologique de la contestation du Père Noël dans nos sociétés matriarcales.

   Prenant en compte ces phénomènes statistiques incontestables et ces données socio-anthropologiques, le DSM dans sa version V réactualisée a admis le syndrome de  Santa Claus dans sa classification. Si depuis 2008, et durant 5 années consécutives, une famille présente ce type de symptômes : une forte odeur de sapin envahissant le foyer, la préparation des décorations de Noël avant décembre, le maintien des lutins après janvier ;  les choses sont sérieuses et nécessitent une intervention psychiatrique lourde. D'autres études ont été menées, comme la corrélation entre le nombre de guirlandes lumineuses dans une maison et la gravité des symptômes. Le débordement des décorations sur les façades - particulièrement les accrochages de Père Noël sur les rebords de fenêtre - est un signe d’appel pour une grande partie des soignants.

   Les membres rédacteurs du DSM ont soigneusement distingué ce nouveau syndrome de la natalophobie, une condition rare dans laquelle les individus ressentent une anxiété extrême à l'idée de célébrer Noël. Cela engendre l'évitement des décorations festives et des réunions familiales, parfois même la fuite devant les chants de Noël. Le Dr. Holly Grinchly, recommande des thérapies alternatives pendant la période des fêtes et l'engagement actif dans des activités non festives, comme la pêche à la ligne dans des endroits dépourvus de sapins.

   Face au problème, le comité de recherche du FCS a élaboré une liste de conseils pour prévenir les symptômes de ce syndrome, tel que le port obligatoire d'un bonnet de Père Noël ou bien la consommation quotidienne d'une soupe spéciale à base de flocons de neige (difficile à trouver en Espagne à cette période, mais essentielle selon les experts). En France, le problème n’a pas encore atteint des proportions aussi graves, néanmoins un numéro vert a été créé pour venir en aide aux familles touchées : le 36 30. N’hésitez pas à y avoir recours lorsque les prémisses des angoisses se font jour.

Prolonger la lecture sur le dictionnaire : DSM (Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux)