Students at the Woman’s Medical College of Pennsylvania dissect a human body, Drexel University College of Medicine Legacy Center Archives and Special Collection, auteur inconnu, 1901.
Dans la série télévisée Docteur Quinn, femme médecin (1993-1998), l’héroïne de l’intrigue, Michaela Quinn, est diplômée de la faculté de médecine de Pennsylvanie en 1860. Elle devient alors docteure en médecine mais, malgré ce diplôme acquis, elle peine à s’intégrer au sein de cette profession libérale dominée par les hommes.
Cette institution est fondée en 1850 sous le nom de Female Medical College of Pennsylvania à Philadelphie en Pennsylvanie (États-Unis). Elle est mise en place par un groupe de Quakers (membres d’une communauté religieuse protestante créée au XVIIe siècle en Angleterre) composé du Dr. J. Longshore, du Dr. B. Fussell, du Dr. E. Fussell et de W. Mullen. Ces hommes sont persuadés de la capacité des femmes à apprendre et à pratiquer la médecine et, en particulier, W. Mullen car sa fille n’a jamais pu mettre à profit ses connaissances scientifiques dans école spécialisée. La fondation de cette faculté est aussi portée par des actions menées par les mouvements féministes qui émergent dans les années 1830-1840 militant, dans un premier temps, pour l’abolition de l’esclavage, puis pour les droits des femmes, à l’image de la première convention sur les droits des femmes à Seneca Falls en 1848. À cette date, seule une femme est parvenue à devenir médecin. Il s’agit d’Elizabeth Backwell qui a obtenu son diplôme de médecine au Hobart and William Smith College, non sans de nombreux refus et préjugés.
Ainsi, très peu de femmes étaient encouragées à exercer une médecine semblable à celle pratiquée par les hommes, légalement et reconnue par l’État américain. Ces femmes se livraient à la médecine sans diplôme officiel et, la plupart du temps, à la campagne. La place de la femme dans le monde médical évolue compte tenu du rôle majeur qu’elles ont pu jouer en tant qu’infirmières de guerre au cours de la guerre de Sécession (1861-1865), ou en tant que soutien moral aux soldats et en poursuivant l’activité professionnelle de leur mari parti combattre. Cependant, les États américains, tout en disposant d’une certaine autonomie dans leur législation, ne réalisent que des lois aux minces effets pour les droits des femmes à l’éducation. En 1862, le Morrill Land-Grant Colleges Act crée des universités pouvant accueillir des hommes et des femmes, mais les cours pour les femmes portent généralement uniquement sur l'économie domestique.
Donner une éducation médicale complète aux femmes au sein de cette faculté de Médecine de Pennsylvanie, est un projet porté par sa première femme doyenne, Ann Preston. Celle-ci fonde en 1861 le Women’s Hopital à Philadelphie qui est destiné à fournir une expérience clinique et chirurgicale aux étudiantes de la faculté. Mais ces dernières ne traitent en réalité que les maladies et infections contractées par des femmes ou des enfants. De plus, en 1867, la faculté prend le nom de Woman’s Medical College of Pennsylvania, témoignant d’une évolution notable des mentalités dans la mesure où le terme de “ female ” insistait sur la distinction profonde des genres tandis que le terme de “ woman ” met en avant la capacité des femmes à apprendre la médecine et à l’exercer. Désormais, la faculté offre à ses étudiantes la possibilité de suivre un cursus d’apprentissage le plus complet possible composé d’un ensemble de cours théoriques diversifiés et de cours destinés aux « travaux pratiques » de la dissection, des opérations chirurgicales… qui coïncident avec l’essor de la démarche anatomo-clinique ayant pour but de connaître l’intérieur du corps humain.
Cet établissement a toujours revendiqué un corps étudiant et de professeurs relativement diversifié, inclusif et indépendant des questions liées à la race, l'origine ethnique ou la religion malgré le fait que le pays soit divisé sur ces questions à de nombrueses reprises : que ce soit lors de la guerre de Sécession ou plus généralement au sujet des phénomènes de ségrégation raciale et de génocide amérindien. Vers la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la question de l’immigration des populations européennes vers les États-Unis redouble ces problématiques. En effet, de nombreuses femmes aux diverses origines ethniques sortent diplômées de cette faculté à l’image du Dr. Putnam Jacobi, du Dr. Swain, ou du Dr. Broomall.
Cependant, ces femmes médecins souffrent d’un réel manque de clientèle dans la mesure où la majorité des hommes médecins et de la population américaine, notamment celle habitant en ville, ne leur reconnaît pas ce statut et leur savoir médical. Les femmes médecins diplômées étaient souvent contraintes d’exercer leur métier dans les orphelinats, les hospices des pauvres ou encore l’asile, seuls lieux où les hommes refusaient pour la plupart d’exercer notamment en raison du manque de rémunération.
Ainsi, les femmes médecins américaines ne commencent à être véritablement reconnues qu’à partir de la Première Guerre mondiale et la faculté de médecine de Pennsylvanie n’accueille des hommes qu’à partir des années 1970.
Prolonger la lecture sur le dictionnaire : Étudiantes en médecine - Femmes médecins - Femmes médecins (Afrique du Nord colonisée) - Dr Quinn
Références :
Melissa M. Mandell, Woman’s Medical College of Pennsylvania, The Encyclopedia of Greater Philadelphia, Rutgers Université, 2016, (disponible en ligne).
Laura Lynn Windsor, Women in Medicine : an Encyclopedia, ABC-CLIO, Oxford, 2002.
Pour citer cet article : Angeline Leprince « La faculté de médecine de Pennsylvanie », dans Hervé Guillemain (dir.), DicoPolHiS, Le Mans Université, 2024.