L’équipe DicoPolHiS, après avoir inauguré son dictionnaire en ligne, son podcast, sa chaîne vidéo et son espace d’expositions, propose de construire selon les mêmes modalités collectives ouvertes un projet de recherche qui donnera lieu à la publication d’un ouvrage collectif et qui sera préparé par l’organisation de séminaires en visio conférence.
En voici le thème. Trois ans après les débuts de la pandémie de la Covid-19 nous guettons les signes de la fin de l’événement. Disparition des statistiques de la presse, occultation audiovisuelle, désaffection des tentes de test et des centres de vaccination, moindre recours au masque, déclin des gestes barrières, suspension des manifestations antivax, reconversion des lits d’urgence, effacement de la parole des experts en épidémiologie... La fin de l’événement pandémique semble d’autant plus insaisissable qu’il n’apparaît ni homogène sur le globe, ni continu dans le temps. Comment les historiens du futur pourront-ils prendre la mesure de la fin de cette pandémie et à partir de quelles sources ?
À partir de cette actualité et de l’interrogation qui en découle, l’objectif de ce projet est de proposer une nouvelle manière d’écrire l’histoire de la santé à partir d’un renversement narratif : s’intéresser à la fin des phénomènes (pratiques, maladies, objets, concepts, institutions) et non à leurs commencements. Ce projet ne se limite pas aux épidémies. En écho aux interrogations contemporaines sur l’abandon de certaines dénominations pathologiques, sur la fin de la prescription de certains remèdes, sur la désaffection des asiles, par exemple, il propose, à partir de ce choix fort, inédit et heuristique, de développer de nouvelles approches dont les enjeux historiographiques, archivistiques, méthodologiques, narratifs, pédagogiques sont majeurs.
Les histoires de la santé sont en effet prioritairement scandées par les phénomènes débutants : émergences épidémiques, découvertes de remèdes, inventions des pratiques, créations des institutions. Le récit qui en découle est donc, malgré les apports fructueux de l’histoire sociale et culturelle de la santé, toujours rythmé par le nouveau, le surgissement, la découverte. Comment œuvrer à l’écriture d’une nouvelle histoire de la santé du point de vue de la fin des objets en proposant un autre modèle de narration et en produisant de nouveaux savoirs ?
Ce projet de recherche DicoPolHiS propose d’expérimenter collectivement en pensant les outils intellectuels, archivistiques, méthodologiques permettant de travailler non sur le neuf et l’émergent, le découvert et l’inventé mais sur l’extinction, l’abandon, la disparition, le dernier patient, l’échec, la prohibition. Le challenge est majeur car, s’il est facile de repérer dans les sources les débuts tonitruants d’un remède ou l’éclosion fracassante d’une surmortalité énigmatique, il est plus délicat de sonder le progressif silence qui recouvre la fin de ces pratiques, les derniers soubresauts d’une maladie ou la fin du recours à un objet. Comment faire l’histoire de la fin des choses ?
L’équipe DicoPolHiS propose de discuter ensemble cette question avec les contributeurs et contributrices du dictionnaire à partir de sujets sélectionnés en lien avec les catégories du dictionnaire : pratiques, diagnostics, lieux, événements, acteurs, concepts, objets. Pour ce faire nous organiserons dans les mois prochains des séances de séminaire en visio conférence qui permettront à chacun de présenter brièvement un sujet et/ou une intention d’écriture. Ces moments d’échanges seront aussi l’occasion de réfléchir aux enjeux méthodologiques évoqués plus haut et d’enrichir la liste des sujets et des auteurs.trices qui pourront être traités dans l’ouvrage collectif. L’idée n’est pas d’organiser un colloque classique mais de réfléchir ensemble à partir de très brèves présentations des sujets de chacun.
Pour plus d'informations à ce sujet, vous pouvez consulter et télécharger ci-dessous les comptes rendus des quatre séminaires précédents:
Pour toutes informations complémentaires, veuillez écrire à l'une des adresses ci-dessous:
Il est également possible de participer au prochain séminaire sans avoir assisté aux premiers.